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5 questions de typographie

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5 questions de typographie

Faut-il un espace avant le point d’interrogation ? Et dans une phrase entre guillemets, où faut-il mettre le point final ? Avant ou après leur fermeture ? 

1. Faut-il un espace avant le point d’interrogation ? 

En typographie française, on met un espace avant le point d’interrogation ou d’exclamation, ainsi qu’après l’ouverture des guillemets (mais pas des parenthèses !) et avant leur fermeture. Plus exactement, dans ces cas, on place un demi-espace insécable (en typographie, cela s’appelle une « fine »). 

Les deux points et le point-virgule sont des cas particuliers : ils sont précédés d’une fine et suivi d’un « vrai » espace. Quelle différence ? Après une fine, le caractère suivant ne peut être repoussé à la ligne – ce qui est en revanche permis après un espace.   

Heureusement, la plupart des programmes de traitement de texte placent automatiquement les fines et les espaces – mais attention, s’ils sont configurés dans une autre langue (par exemple en anglais, où on n’utilise pas la fine), cela peut causer des soucis... 

2. Quand faut-il écrire les nombres en toutes lettres ?

On écrit en chiffres arabes tous les nombres indiquant des quantités définies (430 employés, 5 kg de pommes de terre, 25 °C…), ainsi que les dates (le 15 août, l’année 1830), les heures (4h15), les âges (« J’ai 35 ans »), les références (voir p. 56), etc. On écrit en chiffre romains les grandes sections d’une œuvre (acte II, chapitre VI…), les numéros dynastiques (Louis XV, la XIXe dynastie…) et les siècles (au XIIe siècle…) – quoique, dans ce dernier cas, l’usage évolue vers les chiffres arabes. On écrit en toutes lettres les nombres placés en début de phrase (« Deux cents choristes entonnèrent l’hymne ») et, de manière générale, les nombres inférieurs à dix (« J’ai assisté à trois réunions ») ; parfois aussi les dizaines et centaines (« Je ne vous le répéterai pas cent fois ! »). 

Casse d’imprimeur (Photo Luca Martini/Unsplash)

Notons qu’en typographie française, les grands nombres sont séparés par une fine (432 629) et non par un point. 

3. Le point, avant ou après la fermeture des guillemets ? 

Où faut-il placer le point d’une phrase entre guillemets ? Avant ou après leur fermeture ? Eh bien, ça dépend… S’il s’agit d’une phrase complète, le point se place avant la fermeture des guillemets : 

« Je ne l’ai jamais rencontrée. » 

En revanche, si la citation termine une autre phrase, le point se place à l’extérieur : 

Il leur répondit : « Je ne l’ai jamais rencontrée ».

Si elle est entièrement incluse dans une autre phrase, on ne place simplement pas de point : 

Il leur répondit : « Je ne l’ai jamais rencontrée », puis se tut. 

Les points d’exclamation ou d’interrogation sont toujours inclus à l’intérieur des guillemets ; dans ce cas, on n’ajoute jamais de point après la fermeture :  

Il leur demanda : « L’avez-vous déjà rencontrée ? »

Au passage, notons que les guillemets habituellement utilisés en français sont les « doubles chevrons », tandis qu’en anglais, on utilise les guillemets droits : “I should have known better “.

4. Comment faut-il écrire les abréviations ? 

Nous ne pouvons examiner ici l’ensemble des abréviations ; nous nous limiterons donc à la règle générale : on abrège un mot en utilisant sa première syllabe ou ses premières lettres,suivies d’un point (ex., par exemple). Toutefois, on n’ajoute pas de point si l’abréviation se termine par la dernière lettre du mot (bd pour boulevard). Pas de points non plus entre les initiales d’un groupe de mots (SVP, SRL, TVA…). Dans les titres de personnes, on applique une majuscule à la première lettre (Dr, Pr, Mgr…). En revanche, pour abréger « Monsieur », on n’écrit pas Mr (vieilli) ni Mr. (qui est l’abréviation anglaise) mais bien M. 

Enfin, les nombres ordinaux sont simplement abrégés par un « e » placé en exposant (23e et non 23e  ni 23ème, ni 23ième) – sauf « premier », « première », « second » et « seconde », qui s’abrègent respectivement en 1er, 1re, 2d et 2de.

5. Faut-il transcrire les caractères étrangers ? 

Comment transcrire les mots étrangers (noms de lieux ou de personnalités) qui comprennent des caractères inconnus en français ? Pour les langues qui reposent sur d’autres systèmes d’écriture que le nôtre (idéogrammes, alphabet cyrillique, arabe, etc.), c’est simple : la « translittération » s’impose – il existe des règles pour l’appliquer. 

(Photo frimufilms/Freepik)

La question est plus délicate quand il s’agit de langues utilisant l’alphabet latin, mais avec des caractères spéciaux (souvent, ce sont des diacritiques : des signes qui modifient la valeur phonétique d’une lettre, comme la cédille ou les accents). Pensons au tilde espagnol (Logroño) ou à l’umlaut allemand (Görlitz) : autrefois, on transcrivait « Logrogno » et « Goerlitz » ; désormais, on conserve plutôt la graphie d’origine, parce qu’on suppose que le lecteur francophone la comprend. C’est moins évident pour le « o barré » danois (le détroit d’Øresund) ou l’antiflexe de certaines langues slaves (le compositeur Leoš Janáček). 

Ces caractères posent deux problèmes : ils peuvent provoquer des erreurs d’affichage ou d’impression dans des systèmes configurés en français ; mais surtout, ils peuvent gêner la lecture. 

Hélas, il n’y a pas de bonne solution. Prenons l’ex-président polonais Lech Wałęsa : respecter la graphie d’origine désorienterait la plupart des lecteurs. Écrire « Lech Walesa » ne respecte pas la prononciation polonaise, qui correspond plutôt à « Lekh Vawensa », mais une telle transcription n’est pas très satisfaisante non plus – en tous cas, l’usage ne l’a pas adoptée. 

La pratique générale, notamment dans la presse, est donc de supprimer la plupart des diacritiques et d’écrire « Lech Walesa » ou « Leos Janacek ». Tant pis pour la prononciation… 

Bref… 

Les règles de typographie sont sans doute moins absolues que celles de l’orthographe ou de la conjugaison – car moins encadrées. Elles varient aussi selon les pays : les usages ne sont pas toujours les mêmes en France, au Québec, en Belgique… Il arrive aussi que les codes typographiques se contredisent. Enfin, elles évoluent avec les usages – en témoigne le débat sur l’orthographe inclusive et l’emploi du point médian, qui est loin d’être tranché. 

Vous ne trouvez pas de réponse à votre question ? C’est peut-être qu’il n’y en a pas – ou qu’il y a plusieurs réponses possibles. C’est alors à vous de trancher : le rédacteur reste maître de son texte. En cas de doute, fiez-vous à votre bon sens. Et si vous décidez de transgresser les usages, faites-le en connaissance de cause.  

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